Dans ces images, des formes lumineuses que j'inscris dans l'espace se déploient à l'intérieur de chambres d'hôtels ou d’autres espace de travail temporaires. Parfois ce sont des mobiles en papiers découpés que j'anime comme des marionnettes et dont j'enregistre les mouvements.
Durant les séances de travail j’exécute une sorte de danse folle. Les battements des stroboscopes agissent comme un métronome, les mouvements constants de mon corps qui tisse des formes avec la lumière tout en restant invisible dans l'image vont crescendo, je délire.
Je poursuis une image mentale floue qui change continuellement et qui menace de disparaître, ça sent l’urgence. Je suis un fil d'Ariane évanescent fait de questions et d'hypothèses de travail jusqu'à l'épuisement.
Toutes sortes d'émotions émergent, les crises de colères sont fréquentes, c'est très physique.
Immigrant venu de France, ces chambres-studio me servent de sas. Je m'y retire de la vie quotidienne et travaille à l'élaboration d'un vocabulaire visuel avec lequel je vise à m'insérer dans le puzzle culturel canadien.
Cet engagement complet du corps dans ma façon de travailler représente une certaine idée du travail. J'ai grandi dans une ferme, l'oisiveté que représente la chambre d'hôtel serait une sorte d'antithèse de cette idée. Les paradoxes et tensions m’intéressent et sont un moteur dans mon travail.
À travers ma recherche je cherche constamment à renouveler ce même émerveillement qui survint il y a vingt ans, quand la découverte du médium photographique me dérouta de mon projet de devenir peintre.
Cette série est une étape supplémentaire de ma recherche sur l’idée de paysage construit. Cette fois-ci, plûtôt que de chercher “creuser” un espace de projection à l’intérieur du cadre de l’image, je cherche à créer un effet de rebond où les formes proposent une résonnance des mouvements de mon corps durant la prise de vue, à l’instar du coquillage qui abrite l’echo du son des vagues.
In this work, I try to distort the perception of reality offered by my medium in order to describe inner territories. Unstable and complex, my images depict a particular heaviness of being. I'm interested in internal storms caused by life's constraints, desires and pressures. To produce the images for this work in progress, my strategy is as follow: I prompt my models to execute a series of postures or actions, repeatedly and until exhaustion. For example, a man must pass through a wall or a couple must complete a series of kisses under a restrained time limit combined with the intensity of a night club strobe lighting. These constructed and absurd situations become a catalyst for authentic physical and emotional response, and I go from there.
In the same fashion as chronophotography, strobe lights allow me to break down what is taking place in front of the camera to reconstruct a manipulated reality, with scrambled points of reference that can only exist in photography. This exploratory process of creating chaos opens the door to the realm of fantasy."